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Politique économique

Débat. Les jeunes de 2023 auront-ils encore une retraite ?

L'idée est extrêmement répandue : la jeunesse d'aujourd'hui « n'aura de toute façon pas de retraite ». Mythe ou réalité ? Débat entre deux étudiants.

Duel animé par Maya Khadra, directrice du département Histoire et Culture générale à l’IPAG Paris
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© Hugo AYMAR/HAYTHAM-REA

Duel Étudiant - Les exposés de ces pages s’inscrivent dans le cadre d’un cours de rhétorique et ne reflètent pas les opinions des intervenants.

Non, ils n’ont pas intérêt à compter dessus

Tiago-Minh Duong-Morlot, étudiant en 5e année à l’IPAG

En 2023, la plupart des jeunes pensent qu’ils n’auront pas de retraite ou qu’elle sera insuffisante. Les enquêtes montrent déjà l’incertitude sur la viabilité du système de retraite actuel. En 2022, 66 % des Français estimaient que leur pension « est ou sera insuffisante » pour vivre correctement. 

Les jeunes entrent de plus en plus tard dans la vie active. L’âge moyen d’accès à un premier emploi stable est passé de 20 ans en 1975 à 27 ans de nos jours. Un autre dilemme se pose : si les salariés actuels restent plus longtemps au travail en raison de la réforme des retraites, les jeunes auront plus de difficultés à trouver un emploi, ils mettront plus de temps à trouver et donc, ils commenceront plus tard. La perspective d’avoir une retraite devient alors encore plus lointaine.

Avec une entrée tardive dans l’emploi et des réformes qui vont continuer d’allonger la durée de cotisation, comment espérer une retraite ? Cette perte de confiance dans le système se fait sentir, aucune évolution positive n’est constatée, mais plutôt des dégradations face aux crises économiques passées. Il devient difficile de croire dans la pérennité du système des retraites dans 40 ans alors que nous ferons sûrement face d’ici là à de nouvelles crises économiques et climatiques.

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La seule solution ? Diversifier ses revenus face a un avenir lointain et incertain. Trouver d’autres sources de revenus afin d’assurer une retraite grâce à ses propres économies. Nous ne savons pas ce dont demain sera fait alors ne vaut-il pas mieux compter sur soi-même plutôt que sur un système dont nous ne savon en rien ce qu’il sera dans 40 ans ? 

L’épargne, c’est la nouvelle retraite ! De nombreux jeunes commencent déjà à s’appuyer sur d’autres sources de revenus pour leur retraite avec notamment, en premier lieu, l’épargne. Faire régulièrement des économies, à son rythme et sur le long terme. C’est ce que proposent les différents produits sur le marché. Aujourd’hui, trois sont en tête dans les préférences des Français pour préparer leur retraite : le livret A, le Plan d’épargne retraite (PER) et l’assurance-vie. Chacun a sa spécificité, mais leur avantage commun est de permettre d’anticiper sa retraite tout en cotisant selon ses moyens.

L’investissement locatif est également tendance. Souvent réalisé par crédit, l’achat du bien immobilier, maison ou appartement se rembourse grâce aux loyers perçus. Une fois le crédit remboursé, l’investissement permet, grâce aux revenus locatifs, de se constituer une épargne pour sa future retraite ou devient une source de revenus directs pour la retraite. Pour s’assurer une fin de vie paisible et convenable, la solution pour de nombreux jeunes est donc déjà toute trouvée ! À quoi bon attendre, dépendre d’un système instable et prendre le risque de se retrouver à court de ressources ?

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Bien sûr que oui, c’est la base de la cohésion sociale

Emma Schaal, étudiante en 5e année à l’IPAG

Le système de retraite est un pilier de notre société, il assure une sécurité financière aux personnes âgées. Toutefois, avec le vieillissement de la population et les changements économiques, le modèle actuel doit être refondé pour être viable à long terme.

L’un des principaux défis auxquels ce système doit faire face est son financement. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le nombre de retraités en France a augmenté de 16,3 % en 10 ans, passant de 13,5 millions en 2010 à 15,7 millions en 2020. En parallèle, le nombre de cotisants est en baisse, avec 1,8 cotisant pour un retraité en 2020, contre 2,2 en 2010. Plus de débiteurs, moins de créditeurs…

Cette situation met en péril l’équilibre du système, qui est basé sur le principe de répartition. Selon une étude du Conseil d’orientation des retraites (COR), le déficit du régime général devrait atteindre 0,4 % du PIB en 2040, puis 0,8 % en 2070. Pour maintenir l’équilibre financier du système, le COR estime que les cotisations doivent augmenter de 0,7 point de PIB d’ici 2040.

Les salariés payent donc de plus en plus de cotisations dont ils ne sont pas certains de bénéficier dans le futur. Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), la part des revenus consacrée aux cotisations de retraite a augmenté de 2,2 points entre 2000 et 2018, passant de 9,9 % à 12,1 %.

Malgré ces défis, le modèle des retraites reste crucial pour le bon fonctionnement de notre société. En effet, il permet à chacun de compter sur le reste de la population pour sa sécurité financière, créant un système solidaire où chacun contribue à la protection de tous. Cette solidarité est essentielle pour éviter que les personnes âgées se retrouvent dans des situations de précarité et pour maintenir une cohésion sociale forte et durable.

Le modèle des retraites a également un impact positif sur l’économie, en stimulant la consommation et en offrant une source de financement pour les investissements à long terme. Selon une étude de l’OCDE, les dépenses de retraite représentaient en moyenne 12,5 % du PIB des pays membres en 2019, contribuant ainsi à la création d’emplois et à la stimulation de la croissance économique.

Cela ne veut pas dire que le modèle actuel est parfait. Il doit être repensé et adapté aux réalités économiques et sociales. Cela peut impliquer des changements importants, tels que l’augmentation de l’âge de la retraite ou la mise en place d’un système mixte de répartition et de capitalisation. Notons que le gouvernement d’Emmanuel Macron s’y essaye, sans grand succès pour l’instant.

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