La profession d’enseignant(e) conserve un poids considérable dans la société : en 2022, selon la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’Éducation nationale, on compte près de 859 000 enseignants du premier et du second degré, répartis entre 59 260 établissements publics ou privés sous contrat. Mais aujourd’hui, cette profession a perdu son homogénéité sociologique.
On assiste, depuis l’après-guerre, à une féminisation de la profession. Les femmes représentent près de 58 % des enseignants du secondaire, mais on les trouve surtout dans l’enseignement primaire, où elles sont très majoritaires (près de 84 %).
Plus on s’élève dans la hiérarchie de l’Éducation nationale, moins on trouve de femmes : elles représentent près de 65 % du corps des certifiés, mais seulement 55 % du corps des agrégés et 38 % des professeur(e)s de chaire supérieure. Comme dans la plupart des professions, le temps partiel des enseignants est plus fréquent chez les femmes, ce qui n’est pas sans conséquences sur les écarts de rémunération.
Si les motivations à entrer dans le métier des jeunes professeurs sont relativement stables dans le temps, en revanche, les conditions d’exercice ont profondément évolué. C’est le constat dressé par Géraldine Farges (2017)1 en comparant les expériences professionnelles selon l’âge des professeurs : les jeunes enseignants sont généralement affectés au sein d’établissements éloignés de leur domicile où le travail est marqué par une pénibilité faite d’indiscipline ou de violence, tandis que les plus âgés enseignent dans des établissements plus valorisés. Les moins expérimentés sont confrontés aux situations les plus difficiles.
Les agrégés s’en sortent mieux
En 2019, selon le bilan social 2020-2021 du ministère de l’Éducation nationale, les enseignants du public percevaient un salaire net moyen de 2 550 euros. Les enseignants non-titulaires, dont le nombre a fortement augmenté ces dernières années, gagnent en moyenne 1 860 euros contre 2 600 euros pour les titulaires.
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Les salaires sont également moins élevés dans l’enseignement primaire (2 350 euros) que dans l’enseignement secondaire (2 840 euros) du fait de la présence, dans le second degré, d’agrégés bénéficiant de grilles indiciaires plus favorables. Les agrégés sont les enseignants les mieux rémunérés, car ils sont largement affectés en lycée, dans les classes à examen et post-bac, où le travail est mieux payé.
En moyenne, les enseignants en fin de carrière perçoivent un salaire plus élevé de presque la moitié par rapport à leurs collègues qui débutent. Rappelons qu’un enseignant en début de carrière touchait 2,3 SMIC en 1980, contre 1,2 SMIC en 2023. Face à la crise du recrutement, Emmanuel Macron a annoncé une revalorisation comprise entre 100 et 230 euros nets par mois dès la rentrée 2023.
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1. Les Mondes enseignants. Identités et clivages, Presses Universitaires de France, 2017.