
Non, l’égalité des chances est fondamentale
Afaf Mokadem, Étudiante en BTS NDRC (Négociation digitalisation relation client), ENC Bessières
L’État assure encore 90 % du financement de l’enseignement supérieur, alors qu’au Royaume-Uni et au Japon, cette part ne dépasse pas 40 %.
La question fondamentale, ce sont les valeurs que l’on veut défendre. La gratuité offre l’égalité des chances aux citoyens. La liberté, c’est de choisir sa filière et la fraternité est assurée grâce à une mixité sociale au sein des universités.
C’est grâce à de tels principes que nous avons une bonne mobilité sociale en France. Il faut au contraire mettre plus d’argent dans l’éducation et de manière équitable entre les filières et les universités, avant de relancer le débat sur les déficits budgétaires.
Si on y regarde de plus près, un étudiant de Polytechnique coûte quinze fois plus cher au système qu’un jeune en fac de lettres.
Oui, la France est l’un des rares pays de l’OCDE où les études supérieures restent quasi gratuites. C’est un système coûteux pour l’État, qui profite en fait à une minorité choyée. Ce ne sont pas les facultés qui coûtent cher, ce sont les filières élitistes soutenues à prix d’or par l’État.
Pendant que des classes préparatoires bénéficient de cours particuliers dans leur cursus (les heures de colle reviennent à attribuer un professeur par élève pour préparer les examens), en BTS, nous sommes 36 par classe et nous manquons régulièrement de salles.
C’est pire à l’université. Les classements internationaux offrent certes une visibilité mondiale, mais ils sont surtout utilisés par les gouvernements pour mettre encore plus d’argent dans les universités élitistes.
Les classements internationaux, comme celui de Shanghai, ne sont pas pertinents pour mesurer la qualité des universités françaises. Si on regarde les critères retenus – comme le nombre de prix Nobel – cela démontre surtout que les moyens financiers dévolus à la recherche sont bien plus élevés dans les autres pays Ensuite, comparons ce qui est comparable.
Harvard, première du classement depuis des décennies, possède un budget de fonctionnement de 4,5 milliards de dollars, pratiquement 20 % du budget de l’enseignement supérieur français.
En comparaison, compte tenu de leur budget, les universités françaises sont finalement très efficientes puisque nous avons régulièrement des Nobel.
Oui, pour connaître la valeur réelle d’une formation
Paul Weiss, Étudiant en alternance en BTS NDRC (Négociation digitalisation relation client) au Greta Metehor, organisme de formation post-bac.
L’avenir, c’est l’alternance ! En tant qu’étudiant en alternance, je réalise les coûts réels d’une formation (professeurs, personnel administratif, locaux, etc.).
Si on veut une formation de qualité avec des débouchés, il est normal de payer. Sans vouloir généraliser, certaines facs deviennent des planques pour les étudiants qui n’ont aucun projet.
Malheureusement, on peut se permettre cette attitude dans un pays où les frais de scolarités sont les plus faibles d’Europe. S’il fallait payer, ces étudiants seraient motivés et responsabilisés.
Les universités françaises sont dans le rouge. Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, un quart des établissements serait au bord de la faillite… et on continue à subventionner des jeunes dans la mauvaise voie.
C’est un cercle vicieux. La gratuité, ça donne des facs déficitaires, peu attractives, moins compétitives internationalement avec des talents qui partent à l’étranger.
D’autres pays, comme les États-Unis récupèrent les cerveaux français pour accroître leur capital de connaissance et développer leurs innovations. Les universités américaines coûtent très cher, encore plus pour les étrangers, pourtant tout le monde trouve ça normal.
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Car ils investissent dans l’avenir. C’est un cercle vertueux. Les classements internationaux apportent de la notoriété… qui attire les talents.
Les talents rapportent des trophées, qui permettent de progresser dans les classements. Cette année, encore, les universités françaises sont mal représentées dans le top 100 du classement de Shanghai.
Les universités américaines sont en tête. L’inscription à Harvard coûte 40 000 dollars (sans les coûts de la vie étudiants). Malgré cela, on se bat pour y entrer.