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Les retraités sont-ils moins bien lotis que les actifs ? En moyenne, c'est faux !
Politique économique
Les retraités sont-ils moins bien lotis que les actifs ? En moyenne, c'est faux !
L’annonce de la fin de l’indexation automatique des retraites de base sur le taux d’inflation a provoqué la grogne des seniors et renforcé le sentiment qu’ils sont – fiscalement – moins bien traités. Explications… et rectifications.
Émilie Lévêque
© DR
« De tout temps, pauvreté et vieillesse ont été associées », écrivait le journaliste François Lenglet dans son livre Tordez le cou aux idées reçues.
De fait, rien n’est plus faux que cette idée pourtant largement répandue. Certes, on dénombrait, fin 2017, quelque 440 000 bénéficiaires du minimum vieillesse (800 euros pour une personne seule, 1 250 euros pour un couple).
Mais cette population ne représente que 2,75 % des 16 millions de retraités en France. Pour les retraités, le taux de pauvreté – quand le niveau de vie est inférieur à 1 026 euros par mois pour une personne – s’élevait à 6,6 % en 2016, soit deux fois moins que pour l’ensemble de la population (14 %) et presque trois fois moins que pour les enfants.
En 2016, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), le seul montant moyen des pensions de retraite (1 294 euros nets mensuels, ou 1 429 euros avec les pensions de réversion) est inférieur aux revenus des actifs (1 692 euros).
Mais en termes de niveau de vie, en prenant en compte l’ensemble des revenus (prestations sociales, revenus du patrimoine…), la Drees note que les retraités perçoivent en moyenne 1 760 euros par mois, contre 1 692 pour les actifs.
Cet écart s’explique par le fait que les retraités sont souvent propriétaires de leur logement et qu’ils n’ont plus d’enfants à charge. Ayant eu plus l’occasion d’hériter et plus de temps pour se constituer un patrimoine par l’épargne, les seniors d’aujourd’hui détiennent davantage de patrimoine (+ 14 %) que les 25-64 ans.
N’en demeure pas moins que le pouvoir d’achat des retraités va pâtir des mesures annoncées par le gouvernement dans le cadre du budget 2019.
Une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), publiée en septembre dernier, analyse les six principales mesures ayant un impact sur le niveau de vie des retraités : la moindre indexation des pensions de retraite pour 2019 et 2020, la revalorisation du minimum vieillesse, la sous-indexation des aides au logement en 2019 et 2020, l’exonération de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages à l’horizon 2020.
Conclusions : « 20 % des retraités, parmi les plus modestes, vont voir leur niveau de vie augmenter ou être préservé, mais 80 % vont le voir baisser de 700 euros en moyenne par an en 2019 et 2020 », résume Pierre Madec, économiste à l’OFCE.
Dessin d'Érik Tartrais
Je t'ai épousé pour l'argent de ta retraire, j'aimerais savoir où il est ?
Pour aller plus loin
L’étude « Les retraités et les retraites – édition 2018 » de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees)
« Pouvoir d’achat : les retraités mal traités ? », de l’OFCE (le blog)
« France, portrait social », édition 2018, Insee