Pas moins de 2 462 milliards d’euros – 39 200 euros par habitant. La dette française augmente de 2 686 euros par seconde ! La corona-crise la portera à plus de 2 600 milliards (115 % du PIB). En avril, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, déclarait : « Contre la crise, nous avons choisi la dette. » En réalité, la dette publique ne résulte pas de la seule crise du coronavirus. Depuis plus de 40 ans, la France connaît une augmentation continue de son endettement.
S’endetter pour rembourser
La dette publique est celle de l’État, des collectivités territoriales et des organismes sociaux qui assurent services publics et redistribution sociale. Mais cette dette est majoritairement celle de l’État, à plus de 80 %. C’est un stock, il résulte du cumul de tous les déficits publics annuels précédents, lorsque les recettes fiscales ne couvrent pas les dépenses publiques.
L’État dépense chaque année environ 55 % de son PIB essentiellement pour les prestations et les transferts sociaux (60 %) 2, un peu pour les investissements (6 %) et il prélève 44 % du PIB. Cet endettement, continu et essentiellement structurel, ne peut pas disparaître facilement.
Pas moins de 2 462 milliards d’euros – 39 200 euros par habitant. La dette française augmente de 2 686 euros par seconde ! La corona-crise la portera à plus de 2 600 milliards (115 % du PIB). En avril, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, déclarait : « Contre la crise, nous avons choisi la dette. » En réalité, la dette publique ne résulte pas de la seule crise du coronavirus. Depuis plus de 40 ans, la France connaît une augmentation continue de son endettement.
S’endetter pour rembourser
La dette publique est celle de l’État, des collectivités territoriales et des organismes sociaux qui assurent services publics et redistribution sociale. Mais cette dette est majoritairement celle de l’État, à plus de 80 %. C’est un stock, il résulte du cumul de tous les déficits publics annuels précédents, lorsque les recettes fiscales ne couvrent pas les dépenses publiques.
L’État dépense chaque année environ 55 % de son PIB essentiellement pour les prestations et les transferts sociaux (60 %) 2, un peu pour les investissements (6 %) et il prélève 44 % du PIB. Cet endettement, continu et essentiellement structurel, ne peut pas disparaître facilement.
Il faut même s’endetter pour rembourser, c’est ce que l’on appelle le roulement de la dette. Mais dès qu’une crise survient et qu’une relance keynésienne est décidée en misant sur son effet multiplicateur pour soutenir la demande, la dette, évidemment, augmente.
Effet multiplicateur
Augmentation par un facteur supérieur à 1 (plus que proportionnelle) du revenu résultant de la hausse des dépenses publiques. En alimentant la demande globale, elles génèrent de la croissance, de l’emploi et donc des revenus. À une condition : stimuler l’activité intérieure, pas les importations ou l’épargne.
Ainsi, le deuxième budget rectificatif de crise (LFR2) 3, adopté en raison du Covid-19, prévoit pour 2020 un déficit de 9 % du PIB, atteignant 185,5 milliards d’euros (+ 92 milliards), un besoin de financement de 324,6 milliards d’euros (+ 94,1 milliards) et des émissions de dettes de moyen et long terme pour 245 milliards d’euros, soit 40 milliards de plus que dans le budget 2020 initial.
Toutefois, outre l’importance de ces montants, une des caractéristiques de la dette publique est sa pérennité. Chaque gouvernement doit respecter les engagements financiers pris par les précédents. D’ailleurs, depuis le deuxième choc pétrolier de 1979, les budgets français ont toujours été déficitaires, sans exception, et la dette est passée de 21 % du PIB à 115 % désormais. L’endettement est donc devenu une « ressource publique à part entière »4.
L’effet boule de neige
La dette est constituée de titres de créance (obligations, bons du Trésor…) négociables sur les marchés financiers ; 53,6 % de la dette française est détenue par des non-résidents. Il est donc indispensable de conserver leur confiance, car même si un État ne peut pas être « saisi » sur ses biens comme un particulier ou une entreprise en cas de défaut, il doit rester solvable. En effet, toute défiance pourrait faire augmenter les taux d’intérêt face au risque encouru et une panique pourrait provoquer la vente massive de titres publics français par leurs détenteurs. Selon le traité de Maastricht (1992), la France devrait limiter son déficit à 3 % du PIB et sa dette à 60 % du PIB. Nous sommes bien au-delà. Pour autant, la dette française reste bien notée (AA).
En Chiffres
2 686 euros
C'est en euros l'augmentation par seconde de la dette française
Il convient aussi d’éviter un effet boule de neige qui ferait croître automatiquement l’endettement. La croissance doit être suffisamment forte, à la fois pour générer les revenus qui rembourseront la dette et pour dépasser le niveau des taux d’intérêts. Mais aujourd’hui, la charge de la dette (montant annuel des intérêts) est nettement allégée, car les taux sont proches de zéro.
Note AA
Les agences de notation (Standard & Poor’s, Moody’s, Fitch) évaluent le risque d’insolvabilité financière des emprunteurs (État, entreprises, collectivités) avec une note allant de « AAA »" (triple A, sécurité optimale) jusqu’à « DDD » (très risqué).
« Impôts-pulaires »
Comment réduire la dette ? Il faut soit diminuer les déficits en baissant les dépenses publiques, soit prélever davantage d’impôts. Bien sûr il est plus facile de s’endetter, car les impôts ne sont jamais populaires et en plus, selon l’économiste américain Arthur Laffer, ils sont contre-productifs. « Trop d’impôt tue l’impôt », affirme-t-il, par réduction de l’activité économique et des assiettes fiscales.
Assiette fiscale
Correspond à la matière (revenu, patrimoine, bénéfices, valeur ajoutée…) qui détermine le montant des impôts à verser.
La dette n’est pas mauvaise en soi, si elle est soutenable. S’endetter pour faire des investissements productifs, souvent lourds et aléatoires, ou encourager les investissements privés, sources de croissance potentielle et d’emplois sur le territoire, c’est plutôt une bonne chose. Pour certains, on pourrait même rendre « perpétuelle », c’est-à-dire à maturité infinie, la part de la dette détenue par la Banque centrale, qui crée la monnaie. Seuls les intérêts lui seraient alors versés.
Dette publique et dette privée
La dette publique concerne l’État, les collectivités territoriales (communes, départements ou régions) et les organismes sociaux (Sécurité sociale). La dette privée est celle des entreprises et des ménages. Elle atteignait fin 2018, 133,3 % du PIB (dont 59,2 % pour les ménages et 74,1 % pour les sociétés non-financières), contre 118,6 % du PIB dans la zone euro (d'après la Banque de France en février 2019).