La dette publique financière de la France atteint presque 100 % de son produit intérieur brut (PIB). Elle a augmenté de près de 40 points de PIB depuis – et en partie à cause de – la grande récession de 2008. Si la France était une entreprise ou un ménage, il faudrait vérifier que les dettes ne sont pas supérieures aux actifs. La logique est simple : si l’on vend toutes les possessions, peut-on rembourser tout ce qui est dû ? Le produit de cette liquidation revient aux actionnaires de l’entreprise et c’est l’une des méthodes de valorisation d’une entreprise. Si cette valeur comptable devient négative, alors l’entreprise est en faillite.
Le raisonnement est plus complexe
Il est impossible de raisonner de cette façon pour un État. D’abord, nombre de ses possessions ne peuvent pas être « liquidées ». Il ne peut pas vendre les routes ou les écoles. Ensuite, il est complexe de faire un compte exact des engagements d’un État : éduquer les générations futures, payer les retraites, assurer le fonctionnement de l’administration ou encore limiter l’impact du changement climatique. Établir le bilan d’un État ne se fait pas comme pour une entreprise ou un ménage. On ne peut pas arrêter, par un processus judiciaire, ce qui doit être payé ou ce qui peut être vendu, puisque c’est l’État lui-même qui organise la justice et que ce n’est pas lui qui est propriétaire, mais la collectivité.
La dette publique financière de la France atteint presque 100 % de son produit intérieur brut (PIB). Elle a augmenté de près de 40 points de PIB depuis – et en partie à cause de – la grande récession de 2008. Si la France était une entreprise ou un ménage, il faudrait vérifier que les dettes ne sont pas supérieures aux actifs. La logique est simple : si l’on vend toutes les possessions, peut-on rembourser tout ce qui est dû ? Le produit de cette liquidation revient aux actionnaires de l’entreprise et c’est l’une des méthodes de valorisation d’une entreprise. Si cette valeur comptable devient négative, alors l’entreprise est en faillite.
Le raisonnement est plus complexe
Il est impossible de raisonner de cette façon pour un État. D’abord, nombre de ses possessions ne peuvent pas être « liquidées ». Il ne peut pas vendre les routes ou les écoles. Ensuite, il est complexe de faire un compte exact des engagements d’un État : éduquer les générations futures, payer les retraites, assurer le fonctionnement de l’administration ou encore limiter l’impact du changement climatique. Établir le bilan d’un État ne se fait pas comme pour une entreprise ou un ménage. On ne peut pas arrêter, par un processus judiciaire, ce qui doit être payé ou ce qui peut être vendu, puisque c’est l’État lui-même qui organise la justice et que ce n’est pas lui qui est propriétaire, mais la collectivité.
Le levier de l'impôt
Plus encore, le principal actif d’un État est sa capacité à pouvoir lever les impôts. Tant qu’il n’y a pas de révolte fiscale, l’État peut décider d’augmenter les impôts ou de taxer le patrimoine des résidents du pays. Dans le cas de la France, si la dette représente maintenant un peu moins de 44 000 euros par habitant, la richesse moyenne par habitant est de plus de 160 000 euros. On pourrait, en taxant le patrimoine à 25 %, rembourser « instantanément » la dette publique. En Grèce, la dette publique est supérieure à 20 000 euros par habitant et le patrimoine des ménages est inférieur à 40 000 euros. Dès lors, tous ceux qui ont prêté à la France ne craignent pas un défaut de paiement sur la dette publique et continuent à se contenter de taux très faibles, ce qui n’est pas le cas pour la Grèce.
Qui suis-je ?
Xavier Timbeau, directeur principal de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), est spécialiste de la macroéconomie appliquée. Outre l’analyse de la conjoncture, les prévisions et les analyses de politique économique, ses travaux portent sur la mesure en économie, le marché du travail, les questions environnementales, le logement.