L’ensemble des mesures et des actions des pouvoirs publics visant à réguler l’activité économique à court terme et à maintenir les grands équilibres macroéconomiques constitue la politique conjoncturelle.
Quelle que soit l’orientation politique d’un gouvernement, les objectifs d’une politique conjoncturelle sont toujours les mêmes. Seuls diffèrent les moyens utilisés. C’est là que les oppositions entre les libéraux et les keynésiens, plus interventionnistes, sont nombreuses.
Performances au carré
Les objectifs de la politique conjoncturelle ont été synthétisés par l’économiste britannique Nicholas Kaldor (1908-1986) : une bonne croissance économique, le plein emploi, la stabilité des prix et un léger excédent extérieur. Ces objectifs forment le fameux « carré magique » révélant les performances économiques et sociales d’un pays.
Le mot « magique » renvoie à la difficulté, voire à l’impossibilité pour certains pays, dont la France, d’obtenir un « beau » carré bien équilibré. En réalité, ces objectifs fonctionnent par paires : croissance et emploi d’un côté, stabilité des prix et équilibre extérieur de l’autre, provoquant des conflits d’objectifs au sein de la politique conjoncturelle.
En effet, les moyens à mettre en œuvre pour obtenir une croissance plus forte et des créations d’emploi empêchent la réalisation simultanée de l’équilibre extérieur et de la stabilité des prix. Ce sont alors les contraintes de l’environnement économique et politique qui dictent la priorité qui sera donnée à tel ou tel objectif. Prenons la France : son appartenance à la zone très concurrentielle de l’euro la contraint à respecter les critères de finances publiques, donc à privilégier la stabilité des prix et, si possible, l’orthodoxie budgétaire.

Une politique appropriée
L’activité économique se trouve-t-elle en situation de surchauffe, la croissance réalisée est-elle trop soutenue face au rythme de la croissance potentielle ? L’inflation risque-t-elle de s’emballer ? Si c’est le cas, il convient de ralentir le rythme de la croissance grâce à une politique restrictive de stabilisation ou de rigueur.
En revanche, en cas de récession et de chômage élevé, la politique peut être expansive (politique de relance). Puisqu’il s’agit de contrer des évolutions conjoncturelles non désirables, la politique conjoncturelle est dite « contracyclique ». Toutefois, dans certains cas, le gouvernement souhaite accompagner une sortie de crise. Sa politique sera alors « procyclique », afin d’amplifier le rebond économique.
De bons instruments
Pour réguler l’activité, on peut user de deux outils principaux : la politique budgétaire et la politique monétaire. La politique budgétaire consiste à se servir des dépenses et des recettes publiques, et aussi du solde public, pour intervenir sur le niveau de la demande intérieure. S’il s’agit de soutenir une demande intérieure faiblissante, le gouvernement peut augmenter les dépenses publiques, baisser les impôts et/ou laisser filer le déficit et, in fine, la dette. C’est par exemple le tournant « keynésien » de l’Acte II Macron. Il faudrait agir à l’inverse si l’objectif était de réduire la demande pour limiter l’inflation ou pour réduire les déficits public et extérieur.
L’instrument monétaire ne peut être mobilisé que par les États « souverains en matière monétaire ». Or la France, membre de la zone euro, ne l’est pas, la politique monétaire étant conduite par la BCE. Ce sont principalement les taux d’intérêt qui sont mobilisés, à la hausse pour stabiliser une économie en surchauffe, ou à la baisse pour la dynamiser (aujourd’hui proches de 0 % en zone euro). Ces instruments conjoncturels sont eux aussi l’objet de vifs débats quant aux meilleurs moyens d’assurer le meilleur état économique et social possible.