
Politique économique
Le déficit crée de la croissance
Quand l’État emprunte sur les marchés, il se retrouve en concurrence avec les entreprises pour lesquelles il devient plus cher d’investir.
Peut-on relancer l’activité en laissant filer le déficit, en baissant les impôts et en distribuant du pouvoir d’achat à crédit ? « Oui », répondait John Maynard Keynes pendant la Grande Dépression des années 1930 en expliquant que les dépenses publiques auraient un effet « multiplicateur » sur la croissance.
Dans les années 1970, en pleine stagflation, la révolution néoclassique a battu cette idée en brèche. En 1975, l’économiste américain Robert Barro explique que le déficit d’aujourd’hui devra être payé un jour ou l’autre et que les ménages, rationnels, le savent.
Ils anticipent que leur surcroît de revenus sera un jour effacé par une hausse d’impôt. « C’est l’effet Ricardo-Barro (ou équivalence ricardienne). Il affirme que le “multiplicateur budgétaire” de Keynes ne peut être que nul à moyen terme », explique Xavier Timbeau, directeur de l’OFCE.
Commission vs FMI
Peu après la crise de 2008, le consensus consistait à dire : Barro a raison. Car la relance, massive, n’a eu que des effets très temporaires sur l’activité. La polémique du multiplicateur a été relancée lors d’un échange musclé entre, d’une part la Commission Européenne, adepte de la thèse du multiplicateur faible, d’autre part le FMI expliquant que la commission sous-évaluait l’importance du multiplicateur et donc sous-estimait son effet sur la croissance des pays de la zone euro.
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