Quels sacrifices sommes-nous prêts à consentir pour financer, exécuter et assumer la transition énergétique, c’est-à-dire une gigantesque décarbonation de l’économie et de la société ? C'est le sujet qu'a choisi de traiter la rédaction de Pour l'Éco ce mois-ci. À retrouver en kiosque et en ligne.
Les propositions de réformes sociales occupent une place de choix dans les programmes électoraux. Pendant la dernière campagne présidentielle, celles qui concernaient le RSA n’ont pas manqué : il faut le conditionner à l’obligation d’une activité, demandaient certains candidats, le généraliser à toute la population, suggéraient d’autres. À cette occasion, le grand reproche contre le RSA a fait sa réapparition : ce revenu ne dissuade-t-il pas précisément ses bénéficiaires de retrouver une activité ? Passons ce reproche en revue.
Pensé comme une rupture
S’élevant à 572,52 euros pour une personne seule et sans enfant, le RSA est versé à près de deux millions de personnes sans ressources ou bien en complément de leur (faible) revenu du travail. Il permet ainsi de garantir un revenu minimum à tout individu, qu’il soit ou non en capacité de travailler. Instauré en 2007 pour remplacer le Revenu minimum d’insertion (RMI), le RSA a été pensé comme une rupture.
Quels sacrifices sommes-nous prêts à consentir pour financer, exécuter et assumer la transition énergétique, c’est-à-dire une gigantesque décarbonation de l’économie et de la société ? C'est le sujet qu'a choisi de traiter la rédaction de Pour l'Éco ce mois-ci. À retrouver en kiosque et en ligne.
Les propositions de réformes sociales occupent une place de choix dans les programmes électoraux. Pendant la dernière campagne présidentielle, celles qui concernaient le RSA n’ont pas manqué : il faut le conditionner à l’obligation d’une activité, demandaient certains candidats, le généraliser à toute la population, suggéraient d’autres. À cette occasion, le grand reproche contre le RSA a fait sa réapparition : ce revenu ne dissuade-t-il pas précisément ses bénéficiaires de retrouver une activité ? Passons ce reproche en revue.
Pensé comme une rupture
S’élevant à 572,52 euros pour une personne seule et sans enfant, le RSA est versé à près de deux millions de personnes sans ressources ou bien en complément de leur (faible) revenu du travail. Il permet ainsi de garantir un revenu minimum à tout individu, qu’il soit ou non en capacité de travailler. Instauré en 2007 pour remplacer le Revenu minimum d’insertion (RMI), le RSA a été pensé comme une rupture.
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À cette époque, le RMI est accusé de créer des « trappes à inactivité ». Autrement dit, attribuer des minima sociaux à une personne l’inciterait à ne pas reprendre une activité professionnelle, car les coûts liés à cette reprise (garde d’enfants, transports, etc.) ajoutée à l’incertitude d’un travail souvent précaire ou peu rémunérateur, la pousseraient à préférer rester inactive.
Trappe à inactivité
Mécanisme par lequel les inactifs ne sont pas incités financièrement à entrer sur le marché du travail. La théorie libérale de l’offre de travail explique qu’un individu « arbitre rationnellement » entre travailler (pour obtenir un revenu) et ne pas travailler (préférer le loisir). Travailler signifie que le salaire couvre la « désutilité » du travail.
D’autant que le RMI, lui, était purement et simplement supprimé quand le bénéficiaire reprenait une activité, même pour quelques heures par semaine. À cet égard, le RSA introduit une nouveauté majeure : même s’ils reprennent une activité, les bénéficiaires peuvent conserver une partie de cette aide sociale, de manière à rendre plus avantageuse la reprise d’une activité et davantage payant le travail.
Un effet désincitatif très réduit
Mais une réputation de « désincitation » colle au RSA. Pourtant, depuis les années 2000, des publications mettent en lumière sa relative absence d’effets pervers sur la reprise d’une activité. À titre d’exemple, Olivier Bargain et Augustin Vicard ont étudié pour l’Insee, en 2014, l’effet potentiellement désincitatif que pourraient avoir le RMI et le RSA chez les moins de 25 ans.
En analysant le taux d’emploi des jeunes, ils observent que celui-ci ne décroche pas à l’âge où les droits au RMI ou au RSA s’ouvrent. Si les deux prestations sociales n’ont pas d’effet désincitatif, ils montrent même que la mise en place du RSA aurait permis de stimuler la recherche d’emploi via les incitations financières.
Toutefois, ils ne nient pas l’existence d’un certain effet désincitatif, mais celui-ci reste circonscrit à une population très limitée. Seulement environ 2 % des jeunes non diplômés seraient dissuadés par le RSA de rechercher un emploi.
Le débat autour du RSA et, plus généralement, des aides sociales, semble loin d’être épuisé. Gardons en tête la nécessite de regarder avec prudence une réalité souvent plus complexe qu’il n’y paraît.