Sa contribution au développement territorial repose sur des effets de voisinage qui provoquent l’augmentation du revenu des entreprises et la création d’emplois peu délocalisables dans les commerces, les restaurants ou les hôtels proches.
Effet multiplicateur
La variation d’une grandeur économique (investissement, exportations ou dépense publique) génère une variation plus importante du revenu national (J.M. Keynes).
Toutefois, le développement et l’aménagement territorial qui en résultent restent inégaux. Une étude du groupe bancaire BPCE réalisée en 2020 montre que les entreprises du sport sont regroupées autour de grandes métropoles, à l’instar de Paris et des départements des Hauts-de-Seine et du Nord, qui concentrent à eux trois 20 % de leurs effectifs.
Toutefois, les collectivités territoriales et les associations tentent d’assurer la présence d’une offre sportive diverse et pérenne dans les zones rurales ou moins denses, contribuant à leur attractivité et à leur développement économique local de long terme.
L’effet Stade de France
De même, de nombreux acteurs (État, collectivités territoriales, fédérations, associations, entreprises privées, etc.) concourent à la construction d’équipements et d’infrastructures afin d’accueillir non seulement les sportifs, les évènements et leurs publics, mais aussi des activités variées.
C’est ainsi que le quartier qui entoure le Stade de France, au nord de la capitale, s’est reconverti et modernisé. Là où s’élevaient autrefois des gazomètres, cuves de stockage de gaz pour chauffer Paris, se dressent désormais des immeubles de bureaux et des sièges sociaux, des voies de communication (autoroutes, métro, bus, RER…), attirant capitaux et investisseurs et valorisant le quartier et la région.
De la même façon, le sport draine de multiples activités connexes dans son sillage et génère des effets d’entrainement positifs pour la collectivité, en matière de revenus marchands et d’emplois privés dans le domaine du BtoB (agents, avocats et conseils, médecins, industrie textile, logistique, sécurité, communication, coaching…) ou dans le BtoC avec les adeptes du sport (médias, spectacles, plateformes, organisateurs de paris, équipements et achats de mode, compléments alimentaires, commerces de proximité…).
Activité BtoB ou BtoC
Termes utilisés pour désigner le client d'une entreprise. On parle d'une entreprise orientée BtoB (business to business) quand elle fournit des entreprises, et d'une entreprise orientée BtoC (business to client) lorsqu'elle vend directement au consommateur final.
On sait que des événements de renommée internationale comme Roland Garros, la Coupe du monde de Foot, ou les Jeux Olympiques, induisent des déplacements, de l’hébergement, de la restauration, mais aussi des dépenses de nature touristique des populations extérieures au territoire d’accueil.
Pour l’Euro 2016, par exemple, 613 000 spectateurs étrangers sont venus en France et ont dépensé en moyenne 154 euros par jour. L’évènement a rapporté 1,2 milliard d’euros pour 200 millions de dépenses.
Les événements de renommée internationale comme les Jeux Olympiques induisent des déplacements, de l’hébergement, de la restauration, mais aussi des dépenses de nature touristique des populations extérieures au territoire d’accueil.
Martine Peyrard-Moulard,Professeure d'économie.
De même, au cours du trimestre qui suivit la célèbre victoire des Bleus en 1998, la consommation bondit de 2,6 %, l’investissement de 6,6 % et la croissance de 6 %. Voilà quelques raisons pour lesquelles certains pays font du sport un enjeu stratégique de diversification de leur économie ou de renommée internationale.
Booster de santé
Les bénéfices externes du sport se retrouvent aussi dans d’autres domaines : le social et la santé. Dans le domaine social, ce sont les valeurs de la société qui y sont encouragées : le respect mutuel des adversaires, celui des règles du jeu, l’engagement, les efforts, la discipline — conformément au « sport éducatif » de Pierre de Coubertin[1] — et donc finalement, il sert la sociabilité.
Il contribue ainsi aux apprentissages sociaux et constitue un facteur de cohésion et d’intégration sociale des populations, notamment défavorisées, tout en conduisant à la réalisation du dernier palier de la pyramide de Maslow, celui de la reconnaissance sociale.
Pyramide de Maslow
Classification hiérarchique et pyramidale des besoins humains établie par le psychologue américain Abraham Maslow : à la base, les besoins physiologiques, puis de sécurité, d’appartenance et d’estime de soi, jusqu’au besoin d’épanouissement personnel et de reconnaissance sociale.
Les activités sportives sont par ailleurs de véritables bienfaits pour la santé. Par l’hygiène de vie qu’elles impliquent, s’agissant d’alimentation équilibrée, de réduction, voire de suppression de dépendance (tabac, alcool…), et par le suivi médical régulier qu’elles nécessitent, elles contribuent à limiter la consommation de médicaments, à diminuer les troubles musculosquelettiques, le stress, les AVC ou l’absentéisme, et donc les dépenses sociales.
Globalement, une activité physique régulière réduirait de 30% la mortalité précoce selon l’Anses[2]. Depuis 2017 la loi de santé publique autorise les prescriptions d’activité physique et sportive, dans une optique de prévention et en particulier aux personnes atteintes d’affections longue durée (ou maladies chroniques, qui concernent plus de dix millions de personnes).
Les bienfaits du sport touchent au capital humain, aux moyens physiques et cognitifs de ceux qui le pratiquent : un « corps sain dans un esprit sain ». Ainsi la productivité, source essentielle de croissance économique, en est améliorée de l’ordre de 30 % à 50 %, et les entreprises, comme la société tout entière, en bénéficient. C’est pourquoi l’État l’encourage en le subventionnant.
Bien sûr, des externalités négatives — dégradations, nuisances environnementales et sonores, hooliganisme, affaires de dopage ou de corruption… — ne doivent pas être ignorées, mais la balance coûts/avantages du sport penche nettement du côté des bénéfices.
Notes
[1] Pierre de Coubertin (1863-1937) Popularise le sport dans les écoles et fait renaître les Jeux Olympiques.
[2] Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, 2017.