Sociologie

Comment l’insécurité de l’emploi fait baisser la fécondité des femmes

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Le sentiment d’une montée de l’insécurité, qu’elle soit économique ou environnementale, diminue la volonté d’avoir des enfants et induit, à terme, une baisse du taux de fécondité. Il faudrait en tenir compte dans l’évaluation des effets des politiques publiques.

André Sylberberg, directeur de recherche émérite, Centre d’économie de la Sorbonne
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© Pexels

De nombreux travaux ont montré que l’insécurité de l’emploi a des effets importants sur l’obésité, les taux de suicide, la santé mentale, la violence ou encore les préférences politiques. Aurait-elle aussi un effet sur la fécondité ?

Deux chercheurs, Andrew Clark et Anthony Lepinteur, se sont penchés sur cette question1 en exploitant astucieusement les effets d’une réforme de la taxe dite « Delalande » – du nom de son promoteur, le député Jean-Pierre Delalande – qui fit son apparition dans la législation française en 1987. À l’origine, cette taxe renchérissait le coût d’un licenciement d’une personne de plus de 55 ans, puis, en 1992, ce seuil fut abaissé à 50 ans. Son but était d’inciter les entreprises à maintenir les seniors dans leurs effectifs.

L’effet pervers de la taxe Delalande apparut très vite : si une entreprise prévoit de se séparer de l’un de ses employés, elle a intérêt à le faire avant l’âge de déclenchement de cette taxe. En protégeant plus l’emploi des seniors, la taxe Delalande a accru l’insécurité des salariés moins âgés.

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