Plein-emploi et désinflation, le mystère américain qui étonne les économistes

La courbe de Phillips établit une relation statistique inverse entre le taux d’inflation et le taux de chômage. Il y aurait donc un arbitrage à réaliser entre ces deux objectifs macroéconomiques des politiques conjoncturelles (politique budgétaire, politique monétaire).

Si la courbe de Phillips était vérifiée lors des Trente glorieuses (1945-1973), elle semble depuis être remise en cause. La situation macroéconomique actuelle des Etats-Unis démontre à nouveau que cette relation n’est plus valable.

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Pour bien le comprendre, il faut faire un petit retour en arrière. Lorsque l’inflation apparait brutalement en 2021, la banque centrale américaine (FED) a dû modifier sa politique monétaire en augmentant ses taux directeurs.

Il s’agit alors d’obtenir une désinflation (un ralentissement de l’inflation) en réduisant la demande globale (par la réduction du volume de crédits). On sait en effet que lorsque la demande globale (consommation et investissement notamment) est plus faible que l’offre globale (production), les prix baissent.

De fait, grâce à l’action de la FED – mais aussi à la baisse du prix de l’énergie et des matières premières –, l’inflation a considérablement baissé aux Etats-Unis pour s’établir aujourd’hui autour de 3 % (en glissement annuel).

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Une heureuse désinflation

Mais la théorie économique enseigne aussi que la baisse de la demande globale doit provoquer une récession économique et une hausse du chômage. On aurait donc dû retrouver la logique de la Courbe de Philips.

Et c’est ici que la surprise est de mise : le taux de chômage des Etats-Unis se situe aujourd’hui à 3,5 % avec des créations d’emplois beaucoup plus importante que prévu.

Ainsi, la théorie économique stipule que la politique monétaire de rigueur de la FED, tout en réduisant l’inflation, devait occasionner une forte hausse du chômage (conformément à l’arbitrage évoqué plus haut). Pourtant, non seulement le chômage n’augmente pas, mais baisse-t-il au point qu’il est possible de considérer que le marché du travail américain se trouve au plein-emploi.

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L’économie américaine est donc parvenue à combattre l’inflation sans provoquer de récession économique. Cette situation tout à fait surprenante interroge les économistes (comme Paul Krugman qui s’en ému dans un tweet).

Pour l’instant, il n’est pas si facile de comprendre une telle configuration macroéconomique. L’hypothèse la plus probable est que le mouvement de l’offre globale aura été, sur cette période, le plus significatif.

En sortie de la crise du Covid et avec la fin progressive des difficultés liées aux transports mondiaux, la production américaine aurait fortement augmenté. Dès lors, l’offre globale serait bien plus élevée que la demande globale, ce qui se traduit à la fois par une baisse des prix et une baisse du chômage.

Comme l’explique Paul Krugman, à ce stade, nous n’avons aucune certitude que cette explication soit juste. Disons seulement que c’est la plus probable…