Sociologie

Pour être équitable, l’école doit-elle être gratuite ?

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Sous un noble objectif d’équité sociale, la gratuité de l’enseignement entraîne en réalité un nivellement par le bas… qui renforce les inégalités.

Gilles Saint-Paul, professeur à la Paris School of Economics
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© Sam Balye / Unsplash

L’école est gratuite parce qu’elle est obligatoire. Elle est obligatoire parce que le législateur considère qu’il existe un niveau minimum, incompressible, d’éducation. Et il considère comme défaillants les parents qui ne dispenseraient pas ce minimum à leur enfant. Mais du point de vue de l’économiste, la gratuité est rarement un moyen efficace pour organiser un secteur.

Une fiction et un leurre

Car qui dit gratuité dit rationnement. Les meilleurs établissements publics refusent des candidats et sont incapables d’accroître leur part de marché en ouvrant des succursales ou en acquérant de moins bons établissements pour les réformer en y introduisant leurs méthodes. Les établissements de moindre qualité font fuir les élèves, mais continuent à consommer des ressources.

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Dans un tel système, la gratuité est largement une fiction : les places rares se payent sous la forme d’un supplément de loyer pour résider dans le bon secteur scolaire, d’échanges de bons procédés en vue d’obtenir un bail fictif ou un passe-droit, de cours particuliers pour améliorer un dossier et, plus généralement, de toutes les ressources que dépense une famille pour avoir accès à la bonne information sur les bonnes filières.

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