Le renchérissement du coût de la vie engendre ses premiers effets macroéconomiques d’ampleur. Alors que l’inflation atteint 6,1% sur un an, l’Insee a enregistré un net repli de la consommation de biens des ménages français (-1,6%) depuis le début de l'année, une baisse particulièrement marquée pour les achats alimentaires (-0,5%) et d’énergie (-0,2%).
Or la consommation constitue le moteur principal de la croissance du produit intérieur brut tricolore. En 2021, le PIB a bondi de 7 %, la consommation des ménages et des administrations publiques contribuant à hauteur de 4,4 points à cette hausse.
À court terme, ce coup de frein sur les dépenses ralentit mécaniquement la création de richesses dans notre pays. L’Insee enregistre ainsi un léger recul du PIB de -0,2 % au premier trimestre 2022 par rapport au trimestre précédent. Et l’acquis de croissance pour 2022 fond comme neige au soleil, passant de 1,9 % contre les 3,2 % encore espérés en février.
Le renchérissement du coût de la vie engendre ses premiers effets macroéconomiques d’ampleur. Alors que l’inflation atteint 6,1% sur un an, l’Insee a enregistré un net repli de la consommation de biens des ménages français (-1,6%) depuis le début de l'année, une baisse particulièrement marquée pour les achats alimentaires (-0,5%) et d’énergie (-0,2%).
Or la consommation constitue le moteur principal de la croissance du produit intérieur brut tricolore. En 2021, le PIB a bondi de 7 %, la consommation des ménages et des administrations publiques contribuant à hauteur de 4,4 points à cette hausse.
À court terme, ce coup de frein sur les dépenses ralentit mécaniquement la création de richesses dans notre pays. L’Insee enregistre ainsi un léger recul du PIB de -0,2 % au premier trimestre 2022 par rapport au trimestre précédent. Et l’acquis de croissance pour 2022 fond comme neige au soleil, passant de 1,9 % contre les 3,2 % encore espérés en février.
Acquis de croissance
Désigne le taux de croissance économique qui serait atteint lors d’une année N + 1 par rapport à une année N si le montant du PIB du dernier trimestre connu était maintenu sur les autres trimestres de l’année N + 1. Imaginons par exemple qu’une économie génère un PIB de 2 000 milliards d’euros lors de l’année N et que 505 milliards de valeur ajoutée soient créés au premier trimestre (T1) de l’année N + 1. L’acquis de croissance de l’année N + 1 sera alors calculé en sommant le montant atteint en T1 pour les T2, 3 et 4 pour obtenir PIB annuel de 2020 milliards d’euros en N + 1 et en le rapportant au PIB en N (soit [(2020-2000)/2000] x 100) pour obtenir un taux de croissance théorique de 2 % en N + 1.
Le double effet Kiss Cool de l’inflation sur l’investissement
L’effet récessif de l’inflation ne se diffuse pas seulement par le canal de la consommation, il emprunte aussi celui de l’investissement des entreprises. À très court terme, la hausse des prix incite, certes, à acheter immédiatement les biens durables (machines, automates, etc.) nécessaires à la production, afin d’éviter leur renchérissement futur.
Mais, à moyen terme, l’inflation brouille les anticipations des chefs d’entreprise qui, ne sachant pas comment la demande pour leurs produits va évoluer, préfèrent souvent différer leurs investissements.
À cette montée des incertitudes s’ajoute le relèvement des taux directeurs pratiqués par les banques centrales. La Fed s’y est déjà risquée, et la Banque centrale européenne pourrait bien l’imiter.
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La politique monétaire restrictive a pour conséquence une augmentation du coût de l’emprunt, « qui va freiner l’accumulation de capital » prévenait récemment le directeur de la recherche et des études de Natixis, Patrick Artus.
Se déclenche alors le "double effet Kiss Cool" (une action provoque un effet supplémentaire à celui normalement attendu) de l’inflation sur l’investissement : la hausse des prix diffère, voire décourage, l’acquisition de nouveaux moyens de production par les entreprises et le remède à l’inflation… produit le même effet !
La croissance potentielle fragilisée
Nous comprenons que la hausse générale des prix peut déprimer à la fois l’investissement et la consommation, ce qui affecte négativement la production de richesses. Or ces fluctuations de court et moyen terme ne sont pas sans conséquence sur la dynamique économique de long terme. Les fluctuations de la conjoncture génèrent ce que les économistes nomment des effets d’hystérèse.
Par exemple, aussi brève soit-elle, une période de chômage de masse déqualifie une partie de la population active et en décourage une autre, ce qui compromet la perspective d’une reprise rapide de l’emploi et, donc, de la croissance économique. Dans le cas présent, le fléchissement attendu de l’investissement à court terme pourrait fragiliser la croissance potentielle, autrement dit faire dévier la France de sa trajectoire de croissance économique de long terme.
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Croissance potentielle
Désigne la croissance qu’une économie peut atteindre au plein-emploi de ses capacités de production (main-d’œuvre et capital) sans tension inflationniste. Le taux de croissance potentielle est calculé compte tenu de la croissance de la population active et de la dynamique d’accumulation du capital, approchée par la croissance de l’investissement.
En effet, pour paraphraser l’ancien chancelier d’Allemagne Helmut Schmidt, les investissements d’aujourd’hui font la productivité de demain. Si les entreprises et les administrations publiques suspendent momentanément leurs efforts de modernisation des moyens de production, les gains de productivité vont se réduire et la capacité de l’économie française à produire plus et mieux va s’affaiblir.
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Les questions au programme de SES au lycée dont des notions ou des mécanismes sont abordés dans cet article :
Terminale : « Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ? »