Economie

Quand la vie humaine croise les arbitrages budgétaires

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Accorder une grande valeur à la vie peut justifier un haut niveau de dépenses, mais les ressources publiques ne sont pas illimitées, alors que les besoins augmentent toujours. Il faut optimiser la dépense liée à la baisse du risque de mortalité. C’est la rationalisation des choix budgétaires.

Martine Peyrard-Moulard
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Illustration de l'article Quand la vie humaine croise les arbitrages budgétaires

© DEMETRIUS FREEMAN/The New York Times-REDUX-REA

Pendant des semaines, chaque soir à 20 heures, des milliers d’applaudissements ont fusé des fenêtres et des balcons, en remerciement aux personnels soignants dont le dévouement face à la pandémie de coronavirus sauve des milliers de vies. Mais au fait, combien vaut la vie humaine ? On se souvient d’André Malraux, ministre des Affaires culturelles dans les années 1960, déclarant : "Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie"1. Et pourtant, en économie, la vie a bien un prix. Défendre celle-ci, lutter pour réduire les risques de mort, tout cela a un coût. Tous les pays le savent, même s’ils n’adoptent pas tous les mêmes stratégies pour combattre le Covid-19.

Compenser le sang versé

Le juste prix de la vie a toujours beaucoup intrigué les hommes. C’est une notion très ancienne que l’on découvre dans le Code de Hammourabi, roi de Babylone qui régnait vers 2 000 avant J.-C. Ce texte révèle une hiérarchie de près de 300 peines selon les délits et crimes commis, avec pour fondement la loi du Talion, c’est-à-dire le prix de la compensation du sang versé. Car le sang, tout comme l’âme, est "sacré", ce qui transforme la vie humaine en un objet divin. Pour éviter les vengeances privées, Charlemagne rend obligatoire le wergeld venu des pays d’Europe du Nord. Ce "prix de l’homme", une somme d’argent demandée en réparation à tout coupable d’un crime, a pour fonction de clore les conflits et d’assurer la paix sociale.

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