Economie
Ces secteurs qui plombent le déficit commercial français
Le déficit commercial français a perdu 9 milliards d’euros entre octobre et novembre, « son niveau le plus bas jamais atteint », ont annoncé les Douanes le 7 janvier 2021. Retour sur ces secteurs qui font défaut.
Clara Depoers
© Richard DAMORET/REA
Le déficit cumulé sur un an s’élève à 77,6 milliards d’euros, « soit 2,6 milliards de plus que le déficit annuel record de 2011 », indiquent les Douanes vendredi 7 janvier 2021. Le montant des importations atteint « la somme historique de 52,5 milliards d’euros », pour le seul mois de novembre selon les derniers chiffres disponibles à date.
Éco-mots
Déficit commercial
Solde négatif de la balance commerciale d’un pays qui correspond à la situation dans laquelle, en valeur, les importations de marchandises sont supérieures aux exportations. La situation inverse correspond à un excédent commercial.
En valeur, sur l’année, les importations ont augmenté de 20,1 %, et de 2,6 % en volume. Cette hausse du déficit commercial mensuel résulte en partie « de l’augmentation des prix des matières premières, notamment énergétiques, et des produits industriels ».
Ce pic en novembre s’explique par l’importation « inhabituelle » d’électricité et par « la croissance dynamique des approvisionnements en gaz et en pétrole », rapportent les Douanes.
Moins d’énergie et moins de voitures
Les températures du mois de novembre ont été inférieures aux normales de saison ce qui a entraîné une demande plus importante d’énergie pour se chauffer. Problème, l’arrêt pour maintenance d’une partie du parc nucléaire français (une dizaine de réacteurs) a en parallèle réduit notre capacité de production électrique.
Pour répondre à la demande nationale, il a donc fallu en cette période de l’année importer de l’électricité, alors que la France est « traditionnellement exportatrice nette » d’énergie électrique.
Cumulé à l’augmentation des prix de l’énergie, en particulier le gaz, et la facture explose : pour le seul mois de novembre, la France a importé pour 7,8 milliards d’euros d’énergie (contre 2,7 milliards d’euros en novembre 2020). L’accroissement du déficit est donc lié à l’augmentation des besoins en énergie et à l’augmentation des prix des matières premières.
L'aéronautique allège le déficit commercial français
Le secteur aéronautique et spatial compense parfois une large partie de ce déficit commercial, mais avec la crise sanitaire, cela n’a pas été le cas. Son solde plafonne les 988 millions d’euros en novembre 2021, alors qu’il atteignait 1 689 millions d’euros seulement un mois avant et 1 628 millions en novembre 2020. Les avions sont restés cloués au sol à cause des restrictions sanitaires et la demande en appareils a faibli.
De janvier à novembre 2021, la compagnie Airbus a vendu 196 avions pour 15 milliards d’euros. En 2019, à titre de comparaison, elle en a vendu 358 appareils à des compagnies étrangères, pour une valeur de 32 milliards d’euros.
Comment se portent les autres secteurs ?
Certains secteurs sont dans le vert. Par exemple, entre octobre et novembre 2021, même s’il reste négatif, le solde du secteur des produits informatiques, électroniques et optiques affiche une évolution positive.
Source : Aperçu du commerce extérieur de la France, direction générale des douanes et droits indirects
De même pour le secteur des équipements électriques ménagers et les produits manufacturés divers. Quant aux secteurs des boissons, des produits agricoles, des cuirs, bagages et chaussures, l’évolution est positive ainsi que le solde. Les exportations ont donc aussi progressé, mais dans une moindre mesure. Entre janvier et novembre 2021, elles ont progressé de 1,6 % en volume, contre 11 % en valeur.
La Chine, adversaire impitoyable
Sources : Chiffres du commerce extérieur
« Le textile-habillement-cuir-chaussures est resté la catégorie de produits la plus importée de Chine », selon une étude des Douanes sur le déficit commercial de la France avec la Chine de 2008 à 2020. Mais les équipements de communication, les téléphones et les biens d’investissements ont eux aussi été de plus en plus importés.
L’adhésion de la Chine à l’OMC en 2001 avait pour objectif d’augmenter le volume des produits sur ce territoire, boosté par la levée de restrictions, à l’instar des droits de douane. Ainsi, la perspective française était d’augmenter les exportations vers l’Empire du Milieu et rééquilibrer les échanges bilatéraux entre les deux pays.
La Chine, notre premier déficit commercial bilatéral
Cette stratégie n’a pas fonctionné. Le déficit « a continué de se détériorer après l’adhésion de la Chine à l’OMC, en 2001. » Le solde commercial est passé de -5,7 milliards en 2000 à -27,2 milliards, en 2020. Le premier poste d’importation étant les produits textiles, d’habillement, de cuir et de chaussures.
Ensuite, viennent les biens de consommation « peu avancés technologiquement », les produits manufacturés divers (articles de sport, jeux, jouets) et les meubles. Pour autant, de plus en plus d’articles de haute technologie et de technologie moyenne sont de plus en plus importés. En 2019, ces biens représentent 59 % des importations.
Cette tendance s’observe également chez nos partenaires commerciaux, exceptés l’Allemagne, qui se trouve dans une situation excédentaire (de -5 milliards d’euros en 2000 à 5 milliards d’euros en 2019).
À l'inverse, le Royaume-Uni est le territoire qui importe le plus de produits français, suivis par Singapour et les États-Unis. Au contraire, le premier déficit commercial bilatéral de la France, c’est la Chine, suivi par l’Allemagne et les Pays-Bas.
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