Pour Hager Al Mousawy, la décision fut rapide : « Quand le diagnostic de cancer des os a été confirmé pour ma mère, j’ai réservé deux billets d’avion Le Caire-Paris et quinze jours plus tard, nous étions dans la salle d’attente de l’hôpital Gustave-Roussy de Villejuif », l’un des plus réputés en oncologie. Cette diplomate égyptienne et sa mère sont des touristes médicales : elles ont quitté leur pays pour recevoir, à l’étranger, des soins médicaux programmés.
Un marché faiblement régulé
Ils sont plusieurs millions, chaque année, à faire leur « marché » international de soins. Pour les Américains, il s’agit de trouver ailleurs une qualité équivalente sans avoir à débourser autant que chez eux. Les Britanniques cherchent plutôt à court-circuiter les longs délais d’attente de leurs hôpitaux publics.
À lire La santé, une « marchandise » pas comme les autres
Il y a aussi les patients qui souhaitent accéder à des technologies non disponibles – pour des raisons techniques, juridiques ou culturelles – dans leur pays et qui viennent d’Amérique du Sud ou du Moyen-Orient, principalement.
Pour Hager Al Mousawy, la décision fut rapide : « Quand le diagnostic de cancer des os a été confirmé pour ma mère, j’ai réservé deux billets d’avion Le Caire-Paris et quinze jours plus tard, nous étions dans la salle d’attente de l’hôpital Gustave-Roussy de Villejuif », l’un des plus réputés en oncologie. Cette diplomate égyptienne et sa mère sont des touristes médicales : elles ont quitté leur pays pour recevoir, à l’étranger, des soins médicaux programmés.
Un marché faiblement régulé
Ils sont plusieurs millions, chaque année, à faire leur « marché » international de soins. Pour les Américains, il s’agit de trouver ailleurs une qualité équivalente sans avoir à débourser autant que chez eux. Les Britanniques cherchent plutôt à court-circuiter les longs délais d’attente de leurs hôpitaux publics.
À lire La santé, une « marchandise » pas comme les autres
Il y a aussi les patients qui souhaitent accéder à des technologies non disponibles – pour des raisons techniques, juridiques ou culturelles – dans leur pays et qui viennent d’Amérique du Sud ou du Moyen-Orient, principalement.

Il n’existe pas encore de mesure fiable du marché du tourisme médical (les chiffres varient de 1 à 10), mais toutes les études sont unanimement optimistes sur son avenir. En 2000 déjà, l’OMS l’évaluait à 60 milliards de dollars pour une croissance annuelle stratosphérique de 20 %.
La tarification à l'activité (T2A)
Ce terme désigne le mode de financement des établissements de santé, publics et privés, en vigueur depuis 2004 en France. À chaque acte médical correspond un tarif sur la base duquel l’Assurance maladie rembourse les hôpitaux et les cliniques.
Le tourisme médical fonctionne comme une place de marché avec ses clients (les patients), ses fournisseurs (les hôpitaux) et ses intermédiaires (l’agence Tourism Abroad, par exemple). Contrairement à de nombreuses activités de santé, il est faiblement régulé.
Accueillir le tourisme médical relève d’une décision individuelle d’établissements qui espèrent booster leurs revenus en mobilisant leurs avantages comparatifs.
Plusieurs hôpitaux en Europe de l’Est privilégient ainsi la médecine ambulatoire, notamment dans le domaine dentaire, le traitement de l’infertilité ou la chirurgie bariatrique (de l’obésité), un pari intelligent puisque ces soins – à la frontière entre traitement et confort – sont généralement peu remboursés par les systèmes d’assurance santé.
Résultat : + 41,9 % de touristes médicaux en Pologne entre 2004 et 2009.
Le « visa médical » indien
Certains pays ont échafaudé une véritable stratégie étatique pour capter les touristes médicaux. L’Inde, la Malaisie ou la Thaïlande ont contribué, parfois au détriment de leur population, à l’avènement de grandes structures hospitalières dans le but d’attirer en masse avec des séjours combinant tourisme traditionnel et soins médicaux.
L’Inde a même créé un visa médical ! Aux Émirats arabes unis, comme à Singapour, on mise sur une offre de soins moins dense, mais de pointe. « Le but, c’est d’attirer la classe moyenne des pays lointains et la classe riche des pays voisins », analyse Nathalie L’Hostis, experte du contrôle de gestion en milieu hospitalier et qui forme les hôpitaux au tourisme médical.
Premier front de cette concurrence entre établissements de soins, leurs sites internet : ils regorgent de photos de salles d’opération rutilantes et d’informations médicales souvent invérifiables.
La Joint Commission International (JCI) joue un rôle important en certifiant les établissements de son gold seal of approval, un label qualité de renommée internationale qui rassure les patients et les oriente vers le service le plus adapté.
81 % moins cher qu’à Londres
C’est parce qu’elle a fait ses études à Paris que Hager Al Mousawy a pensé à l’Institut Gustave-Roussy. L’établissement faisait déjà exception en France, avec 16 % de patientèle internationale en 2010, contre 1 % en moyenne dans l’Hexagone. La France accueille plus de touristes traditionnels que n’importe quel autre pays et possède une compétence ainsi que des infrastructures médicales de qualité à des prix très compétitifs.
À lire L’art de capter la valeur touristique
Trop même, regrettait l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (APHP) en 2012 : les non-résidents payent, dans l’APHP, 81 % moins cher pour la pose d’un stimulateur cardiaque que dans le Saint Thomas Hospital de Londres, et 30 000 euros de moins pour un pontage coronarien. La France ne capte pourtant qu’une très faible partie des touristes médicaux.
Pour aller plus loin
« Quelle place pour la France sur le marché international des soins ? », France Stratégie, 2015
« Mondialisation des soins et tourisme médical », Institut du Montparnasse, 2012
Dubaï, ses gratte-ciel, ses malls… et ses salles d’opération
Faites du lèche-vitrines dans les boutiques haut de gamme, dégustez ensuite des grillades orientales dans un hôtel de luxe, puis traversez la rue pour saluer les dauphins au Delphinarium avant d’admirer le coucher du soleil depuis le téléphérique de Creek Park.
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Le but : devenir le hub de la médecine mondiale en encourageant les meilleurs établissements du monde à ouvrir une antenne locale à Dubaï.
Pharmacie robotique, technologies des cellules- souches, chirurgie par rayonnement, aucune technique innovante n’échappe à la première free zone médicale de la planète. Le résultat : 160 partenaires cliniques, 150 spécialités, 37 hôpitaux, 38 000 employés originaires de 90 pays… pour 19,5 milliards empochés en 2019.